Anne Kuhm, les JO à 15 ans
Anne Kuhm, la benjamine de la délégation française à Londres, aura 16 ans le 17 décembre, une date d'anniversaire qui revêt toute son importance, puisque à deux semaines près, la gymnaste aurait dû patienter jusqu'à Rio en 2016 pour connaître ses premiers émois olympiques.
Depuis que la Fédération internationale de gymnastique a fixé à 16 ans dans l'année civile la limite pour pouvoir participer aux compétitions seniors, la date de naissance n'est pas qu'un simple chiffre administratif pour les petites perles de ce sport. Aussi Anne Kuhm peut dire merci à sa maman pour avoir vu le jour en 1996. La jeune fille en rit doucement : "C'est une chance car physiquement, je pense qu'on est plus fraîche à mon âge", souligne la championne de France 2012. Son amie, Youna Dufournet, la leader de l'équipe avec qui elle partage sa chambre à l'Insep, pouvait se maudire, elle, d'être née en octobre 1993, soit quelques mois trop tard pour débuter l'aventure olympique dès 2008.
"Il y avait une petite déception de ne pas pouvoir aller à Pékin, même si je savais que 2008 ne serait pas pour moi dès mes débuts en gymnastique", raconte la médaillée de bronze mondiale du saut de cheval 2009, dont la carrière a été fortement perturbée par une blessure à un genou au printemps 2010. "Je ne suis plus aussi pétillante, plus toute petite et pimpante comme Anne... Mais j'ai gagné en maturité et en expérience mondiale." L'entraîneur de l'équipe de France féminine, Eric Demay, pense même que sa date de naissance lui a fait manquer un podium en Chine : "Malheureusement, en France, l'état civil fonctionne très, très bien, et c'est clair qu'il y avait quelques mois de trop !"
Gabarit poids plume
Avec son 1,47 m et ses 37 kg, Anne Kuhm peut profiter pleinement de son gabarit poids plume sur les agrès olympiques. La jeune Alsacienne n'a pas encore été touchée par les changements morphologiques de la puberté, époque souvent de doutes pour les gymnastes qui se voient freiner dans leur progression. "Anne est super légère, elle est dans l'insouciance de son âge, n'a pas de problème de croissance. On verra que les gymnastes de son année seront en force aux Jeux, souligne l'entraîneur. Elle est certes la plus jeune, mais psychologiquement, elle n'est pas la plus jeune. Pour la voir tous les jours à l'entraînement, elle est solide", prévient Demay.La gymnaste de Haguenau, qui entre en première ES à la rentrée, avait connu son baptême du feu en équipe de France seniors en janvier à Londres, lors de la deuxième et dernière épreuve qualificative pour les JO 2012. "Dans la salle des Jeux, pour la qualification avec l'équipe... Plus difficile, il n'y a pas", fait valoir l'entraîneur. Bien qu'un peu crispée par l'enjeu, cette adolescente appliquée avait rapporté de solides notes à l'équipe dans la chasse au précieux billet, avec ses performances aux quatre agrès. A Londres, cette généraliste, qui excelle surtout à la poutre et au saut, s'est fixée pour objectif une place dans les dix premières au concours général... En attendant Rio.